Mallika Tiwari et Palweet Kaur Parmar
Alors que le Canada observait le dépouillement des bulletins de vote postaux et les résultats de sondages, une chose était certaine : il y a eu peu de changement. Les partis sont sortis de la campagne électorale dans la même position qu’avant l’élection. Nous avons toutefois tiré certaines leçons du résultat de cette élection et de la réaction des électeurs.
Déviation vers la gauche
Cette élection a démontré que la plupart des Canadiens continuent d’adopter des politiques progressistes, avec les libéraux, les néo-démocrates et les verts (pour la première fois en Ontario) ayant remporté des sièges. Dans la circonscription de Kitchener Centre, Mike Morrice a réussi à remporter la victoire pour le Parti vert après que le député libéral Raj Saini s’est retiré de la campagne suite à des allégations de harcèlement.
Les changements climatiques et la garde d’enfants sont des questions cruciales pour les Canadiens et les politiques libérales actuelles, qui ont reçu le soutien du NPD, se poursuivront comme prévu. Le programme national des libéraux pour l’accès abordable au service de garde d’enfants à 10 $ par jour a déjà été approuvé par le Parlement plus tôt cette année et entrera en vigueur dans huit provinces et territoires. Leurs plans ambitieux en matière de changements climatiques prévoient une réduction des émissions de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005. Les Verts et le NPD ont demandé des objectifs encore plus ambitieux, mais c’est probablement leur manque de spécificité pour atteindre ces objectifs qui n’a pas séduit les électeurs.
Pas le parti conservateur de votre grand-mère
Erin O’Toole a concédé la victoire avec un discours postélectoral qui réitère sa priorité d’établir le Parti conservateur comme un parti plus inclusif, diversifié et progressiste que par le passé. Bien que M. O’Toole ait mené sa campagne en tant que conservateur plus modéré, la position de son parti sur les changements climatiques et l’interdiction des armes « de qualité militaire » a suscité quelques interrogations. Le plan du parti en matière de changements climatiques a également été critiqué, car il ramène les objectifs de réduction des émissions à leurs niveaux initiaux, fixés par l’ancien premier ministre Stephen Harper.
La plupart des Canadiens continuent d’adhérer au programme des libéraux, mais un nombre croissant d’entre eux ont montré leur soutien au Parti populaire du Canada, qui a triplé ses votes par rapport à l’élection de 2019. La division du vote conservateur entre le Parti populaire et le Parti conservateur pourrait avoir coûté plusieurs circonscriptions aux conservateurs. Le Parti populaire du Canada a fait campagne sur la levée des restrictions liées à la COVID-19, la réduction de l’immigration et l’expansion de l’industrie pétrolière et gazière. Cette augmentation des votes pour les partis populistes démontre que les électeurs conservateurs n’ont pas tous été séduits par la position modérée du Parti conservateur.
La crise du logement est bien réelle
Cette élection a mis en évidence la gravité de la crise du logement au Canada. L’insuffisance de l’offre de logements et leur abordabilité demeurent un problème chronique. Les libéraux ont promis une nouvelle taxe anti-opérations immobilières de vente-achat, une interdiction de deux ans sur les ventes aux acheteurs étrangers et 4 milliards de dollars dans un Fonds pour accélérer les logements afin de soutenir les efforts des municipalités en matière de logement. Cependant, les gouvernements, les promoteurs et les urbanistes réexaminent la maison unifamiliale traditionnelle et même le condominium traditionnel, afin de répondre aux nouvelles demandes précipitées par la pandémie. Les espaces de logement doivent être non seulement plus inclusifs et plus ouverts, mais aussi à usages multiples. Les condominiums et les logements collectifs font partie de la solution à cette crise de l’offre, mais les promoteurs doivent tenir compte du fait que, à la suite de la pandémie, les propriétaires ont modifié leurs priorités pour y inclure un rapprochement avec les espaces naturels et un accès à des espaces communs polyvalents.
L’économie a-t-elle changé ?
Le paysage politique est relativement inchangé à la suite de cette élection surprise. En réaction aux résultats des élections, le dollar canadien et les actions canadiennes ont grimpé, le statu quo restant inchangé. À l’avenir, nous pourrions voir une augmentation des dépenses pour améliorer la performance économique et, bien que l’équilibre budgétaire ne soit pas une priorité, la stabilité du ratio dette/PIB continuera d’être une préoccupation.
L’industrie pétrolière et gazière a demandé le soutien du nouveau gouvernement, même si les libéraux se sont engagés à éliminer les subventions aux combustibles fossiles d’ici deux ans. L’industrie entend poursuivre sa collaboration avec le gouvernement pour reconstruire l’économie et fait valoir que le fait de soutenir les ressources nationales est le meilleur moyen de protéger l’environnement.
Les mois à venir seront révélateurs, car le secteur financier devra composer avec la proposition de surtaxe sur les grandes banques et les assureurs présentée par le Parti libéral lors de la campagne.
Dernières réflexions
Dans l’ensemble, les Canadiens ont clairement indiqué qu’ils souhaitent avant tout une responsabilisation. Les Canadiens ont donné à Justin Trudeau et à son parti une autre chance de tenir leurs promesses électorales et d’aider le Canada à se remettre de la pandémie. Comme le gouvernement libéral minoritaire devra compter sur les autres partis pour faire adopter des lois, tous les partis devront travailler ensemble pour adopter des politiques sur les questions qui importent le plus aux Canadiens : les changements climatiques, la garde d’enfants, le logement et les soins de santé.