L’exactitude, c’est le pouvoir : conseils pour analyser ce que vous lisez dans les médias

29 Oct, 2020

Par Shane Madill

Les fils de presse et les médias sociaux sont des outils essentiels pour aider les gens à rester informés. Cependant, le cycle, en apparence sans fin, des nouvelles mondiales peut être difficile à traiter et à analyser, tout particulièrement dans une année comme celle que nous venons de traverser ; qui nous a offert assez de nouvelles pour alimenter une décennie d’information. Cette quantité considérable de contenus, d’articles et de points de vue peut également propulser un seul fait dans d’innombrables articles subjectifs, avec les biais et les mauvaises interprétations qui en découlent. Il n’est pas étonnant que le paysage médiatique actuel soit si confus et plein de désinformation.

En tant que professionnels des relations publiques, nous sommes toujours attentifs à l’état des médias. Pour communiquer efficacement au nom de nos clients, aussi bien à des publics internes qu’externes, nous devons être capables de passer au crible le bruit médiatique pour délivrer des informations et des messages qui soient les plus justes possibles. Cette compétence nous permet de fournir des informations précises à des sources d’information fiables pour le compte de nos clients, contribuant ainsi à instaurer un climat de confiance avec les médias et leur public.

Les journalistes font un travail très précieux mais bien souvent sous-estimé : ils aident les gens à se tenir informés des événements et des opinions qui peuvent influencer leur vie. En diffusant des nouvelles, des informations et des reportages, ils aident les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs à se forger leur propre opinion et à agir. Les relationnistes et les journalistes continueront à développer des manières de communiquer avec précision les informations à leur audience. Les conseils suivants ne sont que quelques exemples de ce qu’un consommateur de médias peut faire pour rester attentif à toute incohérence ou partialité présentes dans un article et mieux comprendre le point de vue du journaliste.

Lire au-delà du titre

Une étude de 2016 de l’Université de Columbia, « Social Clicks: What and Who Gets Read on Twitter? » a séparé une série de données issues d’URL primaires et d’URL secondaires : les premières représentant les comptes officiels des cinq médias d’information sélectionnés pour l’étude (BBC, CNN, Fox News, The New York Times et The Huffington Post) et les secondes représentant toutes les autres URL. Une fois le biais de sélection pris en compte, les URL secondaires représentaient 98 % de l’ensemble des URL et environ 60 % d’entre elles n’ont jamais été cliquées.

Ces URL non cliquées représentaient 15 % de l’ensemble du contenu partagé. Cela s’explique en partie par le fait qu’elles se concentrent sur des sujets de niche pour un petit public. En effet, selon l’étude :

« Un paradoxe intéressant est qu’il semble y avoir beaucoup plus de contenus de niche que les utilisateurs sont prêts à mentionner sur Twitter, que de contenus sur lesquels ils sont réellement prêts à cliquer. »

Un article publié sur WordStream, « Facebook Ad Benchmarks for YOUR Industry [Data] », a étudié le taux moyen de clics sur Facebook par industrie, qui représente le pourcentage de personnes qui cliqueront sur un article après l’avoir vu. Ce taux était de 0,9 %.

En résumé, une grande partie des URL partagées sur Facebook ne sont jamais cliquées par personne et seul un petit pourcentage de personnes cliquera sur un lien pour en savoir plus.

Les titres sont de plus en plus souvent rédigés par les rédacteurs en chef eux-mêmes ou des journalistes expérimentés plutôt que par le journaliste qui a écrit l’article. C’est un phénomène particulièrement répandu dans les médias imprimés, pour des raisons de mise de mise en page, principalement. Le titre est généralement la dernière partie de l’article à être finalisée dans le processus d’édition, après la vérification des faits et la relecture.

Les titres risquent alors de ne pas assez bien décrire le contenu de l’article, qui ne sera généralement pas lu. Bien que ces taux de clics soient différents si l’on examine d’autres sources, le plus important est de prendre le temps de lire l’article, plutôt que de tirer une conclusion sur le sujet de l’article à la simple lecture du titre.

Repérer et interpréter les parti pris

Une fois que vous avez pris l’habitude de cliquer sur les titres, la prochaine étape est d’évaluer le contenu de manière critique. Soyez attentif à tout parti pris dans l’article. Bien que dans certains cas, cela puisse ne pas être évident, les pensées inconscientes de l’auteur ou des auteurs et du rédacteur en chef peuvent être perceptibles. Presque tous les textes comportent une certaine forme de partialité, il est donc important de savoir comment les repérer et d’appliquer cette pensée critique à vos propres écrits. D’ailleurs, je vous encourage à évaluer de manière critique ce billet de blog pour y déceler toute forme de partialité.

Note : En ligne, certains articles qui ressemblent à des nouvelles sont en fait des textes d’opinion. Bien que ce genre d’articles puisse informer, n’oubliez pas qu’il s’agit avant tout de l’opinion d’une personne. Bien que ces articles soient souvent précieux pour l’expertise de l’auteur, il faut comprendre qu’il s’agit d’un type de contenu différent de celui de la section « nouvelles ».

Dans l’écriture, les partis pris peuvent se refléter à la fois dans la langue et dans le choix des mots utilisés. Les mots vagues ou trop généraux, les phrases destinées à susciter une émotion, le langage positif ou négatif sont autant d’éléments à surveiller.

En termes de statistiques et de données, les trois principales catégories de biais à surveiller sont les suivantes :

  • Le biais d’information, c’est-à-dire toute erreur dans la mesure des indicateurs.
    • Les erreurs dans la collecte des données, les erreurs des participants dans les données fournies et l’incapacité à se souvenir avec précision d’événements ou d’expériences antérieurs (biais de rappel) en sont des exemples
  • Le biais de sélection, c’est-à-dire lorsque l’échantillon utilisé pour une étude est différent de la population concernée
    • Par exemple, si une étude repose sur des personnes qui se portent volontaires, elle n’examinera que celles qui étaient suffisamment engagées dans le sujet ou la source pour vouloir se porter volontaires
  • Biais de confusion, c’est-à-dire lorsqu’une variable (z) affecte à la fois l’exposition (x) et le résultat (y) et que l’étude met en corrélation x et y sans tenir compte de l’impact de z

L’une des choses les plus difficiles à faire est d’évaluer les préjugés dans les articles et les lettres d’opinion avec lesquels vous êtes d’accord, car ils correspondent à vos idées, à vos pensées et à votre logique. C’est ce que l’on appelle notre « chambre d’écho » – des informations qui répètent et valident les informations que nous croyons déjà fondées. Dans ces cas-là, essayez de prendre du recul et de réfléchir aux raisons de ces préjugés et à ce qui manque ou qui est trop beau pour être vrai.

Les journalistes ont souvent un temps limité pour faire des recherches et écrire leurs articles.  Les horaires chargés et les délais serrés peuvent exiger des textes plus nombreux et plus courts, ce qui limite la quantité de détails pouvant y figurer. Ceci vaut tout particulièrement pour les médias sociaux, où seule une petite quantité d’informations peut être présentée en 280 caractères.

Bien souvent, consulter d’autres sources permet d’obtenir des informations ou des contextes différents en fonction de leur orientation. La lecture de différents médias et auteurs dans votre cycle d’information habituel peut vous aider à combler les lacunes. Des articles provenant de différentes sources, des faits et des contextes supplémentaires peuvent ajouter des détails et améliorer votre compréhension de la nouvelle elle-même.

Les personnes qu’ils choisissent de rencontrer, les questions qu’ils posent et les citations qu’ils choisissent de mettre en avant ajoutent une dernière nuance dans l’analyse et la restitution des faits et cela impactera le sujet.

Les professionnels des relations publiques continueront de communiquer au nom de leurs clients afin de développer la confiance avec les médias et leur public, les médias continueront à aider les gens à se tenir informés, et tous deux continueront à développer des moyens de communiquer des informations avec précision. Alors, quand vous consultez vos fils d’actualités sur les médias sociaux, votre journal local ou toute autre source d’information, gardez en tête ces conseils qui vous aideront à comprendre la totalité de la nouvelle et tous les points de vue qui y sont associés.

 

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